Maréchal en perdition

Une journée de marche et nous y étions presque. Vinh'san et sa troupe de mangeurs de salade se demanderaient sûrement la raison de ma présence. En fait, je me demandais s'il me prendrait au sérieux. Après ma fuite en douce pendant la nuit, il aurait raison de ne pas m'écouter. Quoiqu'il en soit, je lui avait dis que je marcherais sur ma propre voie. Personne ne me commanderait! J'étais le maître de mon destin et je tenais à le rester.

Quand la pluie se mit de la partie je lançai un juron envers le ciel. J'étais athée, alors jurer contre les dieux me paraissait inapproprié. L'ermite nous suivait encore. Il devait se douter que je pouvais le sentir car il se tenait loin et parfois, je perdais sa trace.

Quant à Vinh'san, après avoir gravit une colline, nous l'apperçumes. En s'approchant je pouvais remarquer un brin d'étonnement dans ses troupes.

-Vinh'san.. J'ai besoin de ton aide plus tôt que prévu. Amrill a été reprise par Shamar. Maître Renard y est aussi et voudrait discuter avec toi. Il ne veut plus ma mort, mais je lui ai dit que je ne recruterais personne pour lui. S'il te parle de faire partie de sa confrérie, j'espère que tu auras le bon jugement de refuser son offre.

J'avais parlé comme si je parlais à un égal et cela malgré son rang. Je n'avais que faire des rangs de noblesse. Selon moi la noblesse était ce qui existait de plus pourri en ce monde. Alors parler à Vinh'san comme un égal était en quelques sortes lui démontrer du respect.

Vinh'san regarda Ikar droit dans les yeux, l'air interdit.

Pauvre petit humain. Je peux pleurer votre sort si vous le voulez.
Concernant la Confrérie du Renard, jeune chose, Maître Renard m'a déjà proposé d'en faire partie. J'avais déjà refusé. Si jamais je venais à changer d'avis, ce n'est pas vous qui influencera mon choix.
Pauvre petit elfe.

Jin s'était assit dans l'herbe, non loin de là. Lorsque Vinh'san se tourna vers lui, la rage dans le visage, l'humain lui montra une silhouette qui se tenait sur un cheval loin derrière eux. Le maréchal ne prit pas une seconde de plus et se dirigea rapidement vers la silhouette qui descendait de cheval.

Jin se tourna vers Ikar.

Je sais que je peux te dire ce que tu dois faire autant que je le voudrais, ça n'y changera rien, mais tu t'aventure là où le danger règne. L'ancien Ikar s'est aventurer sur cette voie, et il en est mort. Fais-en ce que tu veux, mais ta vie a une importance pour Ramandrek, essais de la préserve entière.
Sinon, concernant Vinh'san, laisse le parler avec son vieil ami, qu'au moins je ne sois pas aller le chercher pour rien, et il te suivra.
Grom, prépare toi à ramener les troupes tout seul, ton maître est facilement prévisible, quand on le connait bien. Il a habité mon esprit il y a de cela longtemps, j'en ai tiré un maximum de connaissances sur lui.
Allez bande de jeunes, je dois allez voir ce bon vieux Maître Renard, ça fait un moment que j'ai pas eu une prise de bec avec lui, j'ai besoin de me détendre de temps en temps. On se retrouvera à Amrill, lorsque je déciderait qu'il est temps.

Jin s'éloigna un peu, puis haussa les épaules et parti en courant à pleine vitesse : il avait besoin de travailler son endurance.
Vinh'san revint alors que son ami partait.

Amrill hein? D'accord, je vous accorderait mes talents de maréchal. Grom, ramène les troupes sur l'île, je ne veux pas que mon peuple soit impliqué dans cette guerre, il s'agit d'un choix personnel. J'ai promis de veiller sur le premier Ikar et sa descendance, je le ferais, indirectement en protégeant Ramandrek.

*De toutes façon, je ne sais que me battre. Je me demande si mon esprit n'a pas céder face à Ehryna simplement pour la perspective de combats éternels...*

-Bien. Je n'essaie pas de te convaincre de quoi que ce soit. Nous faisons nos propres choix et nous devons vivre avec les conséquences. Tu as fait le tien en décidant de m'accompagner. Je sais que la voie que j'ai choisi implique beaucoup de sacrifice. Si je dois voir mes amis mourir pour le bien de l'ensemble, ç'aura été mon choix. J'aurais peut-être voulut m'entretenir avec Jin, mais je vois qu'il était pressé.

La pluie s'abattait sur nous comme si elle voulait nous faire tomber. Nous étions mouillés jusqu'aux os. Je souris à Vinh'san puis à Nadhyna. J'étais satsifait. Il n'avait même pas fait de commentaire sur mon escapade. La nuit arrivait..

-Si ça ne vous dérange pas, j'aimerais continuer d'avancer cette nuit. Arriver à Amrill au plus vite ferait mon affaire. Si tu veux trouver ton ami Vinh'san, je peux t'accompagner un moment, mais je ne m'éterniserai pas alors que des gens ont besoins de nous.

Je me tournai alors vers Nadhyna.

-Là où nous allons, la route comporte maintes embûches et dangers. Je suis prêt à voir mourir mes amis car je sers une cause plus grande, mais toi, es-tu prête à cela? Serais-tu capable de me voir mourir? Si la réponse est négative, je crois que notre relation se termine ici. Je ne te demande pas de répondre sur le champ, mais d'y penser et de quitter ma vie par toi-même si tu juges que tu dois le faire.

Cela faisait un moment à présent qu’ils marchaient dans de la boue, la pluie ne cessait de s’intensifier. Ils étaient trempés jusqu’aux os et manquaient de tomber à chaque pas qu’ils faisaient seulement Ikar semblait déterminé à arriver en ville au plus tôt, il était passé en premier et commençait à distancer Vinh’san et Nadhyna. La jeune souhaitant lui parler força donc l’allure pour le rattraper.

Ikar, par rapport à ce que tu m’as demandé tout à l’heure, je ne souhaite interférer dans aucune de tes décisions futures. J’avais déjà pris ma décision à Amrill, le tout en sachant les risques ainsi que les difficultés que ça comportait.

Par chance, la pluie se calma ;Nadhyna sourit au jeune homme et lui prit la main .

Si nous ne nous dépêchons pas, on ne sera pas arrivés avant demain soir.

Eh bien, maintenant je pouvais avoir la certitude que Nadhyna tenait à rester avec moi. Lui ayant posé la question plusieurs fois, elle avait répondu la même chose à chaque fois. Si elle avait répondu sur un coup de tête, elle n'aurait pas accepté trois fois de me suivre. Je lui souris aussi et vint déposer un baiser sur son front humide. Elle n'avait peur de rien.

-Le courage est une vertu que bien peu d'humains possèdent. J'admire ta vaillance Nadhynna.

La pluie cessa finalement et le vent tomba. Nous apperçumes même la lune à travers les nuages. Deux semaines avant la prochaine pleine lune. J'appréhendais ce jour. Est-ce qu'un calmant pouvait calmer Mannaro? Je réussis à faire le vide et à appeler le loup en marchant. Je ne sentais plus la présence de l'ermite depuis un bon moment. À peine je pensais à lui que quatre loups nous sautaient à la gorge. Je ne les avais ni vu ni senti arriver. Je projetai Nadhyna à terre et les canidés manquèrent leur cible. Je dégainai ma lame tandisque Vinh'san nous rejoignait. Pas de loup gris. Trois bruns et un noir.

-Mettons nous dos à dos. Ce sont des lycans...

Pour appuyer mes dires, l'un d'eux se transforma en homme et prit la parole. Les trois autres nous encerclaient, prêts à bondir.

-Je suis Galout'cha. Mon roi, nous sommes là pour vous libérez!
-Dommage pour vous, Ikar ne se laissera pas faire.
-Ikar? Ils nous ont trompé. Ce n'est pas Mannaro.

Les trois loups bondirent en même temps. je m'abaissai et le loup qui me chargea eut la gorge déchirée. Il roula à terre et se transforma en humain. Je me retrouvais face à glou-glou'chat. Ce dernier bondit en se transformant. Je quittai la formation établie et il me fit tomber à la renverse. J'échappai mon épée. Je retenais le loup pour ne pas qu'il me morde au visage. Je tentai d'atteindre mon couteau de chasse à ma ceinture, mais sans succès. Je donnai un coup de pied à la patte arrière du loup. Il perdit l'équilibre et j'en profitai pour le faire tomber. Je me mis assis sur lui le couteau pointé sur sa gorge. Il reprit forme humaine.

-Qui vous envoit?
-Même dans la mort, les lycans gardent leurs secrets.

J'égorgeai l'homme d'un rapide coup de couteau, puis je me préparai à affronter les deux autres loups.. Qui gisaient sur le sol aussi morts que Glouglou-chat. Soudain je vis noir. Je me pris à la gorge et hurlai. Mannaro était là. Je me transformai en loup noir, puis dans un effort surhumain, repris forme humain en retrouvant la vue. Mannaro devenait fort. Je devais être plus fort que lui.

En état de choc, je vomis du sang et perdis conscience.

La pluie avait cessé, les lycans gisaient au sol, morts. Qui les avait envoyés ? Que voulaient-ils à Ikar ? Ils n'étaient peut être pas seuls, il valait mieux s'éloigner de cet endroit.
Nadhyna s’approcha de ce dernier, ils avaient de la chance, il était juste évanoui. Ils le transportèrent vers un endroit un peu plus surélevé et donc un peu plus sec et tachèrent d’allumer un feu si jamais ils étaient suivis, ils se feraient peut être repérer plus facilement, mais il s'agissait d'une nécessité.Ce fut relativement une tâche difficile vu que tous les branchages qu’ils avaient pu trouver étaient au minimum humides, par chance ils avaient pu en trouver quelques-uns qui étaient relativement secs et au bout de quelques tentatives vaines arrivèrent à allumer un feu. Nadhyna essaya au mieux de faire un peu sécher sa cape, il faisait froid, et la déposa sur les épaules du jeune homme évanoui, s’il tombait en plus malade, il ne pourrait pas aider à libérer la ville avant un bon moment. Ils mangèrent un peu et attendirent qu’Ikar se réveille tout en surveillant les alentours prêts à réagir à une éventuelle attaque .

Je toussai toute la nuit. Je tremblais de froid. Mannaro me surveillait sans tenter quoi que ce soit. Il m'empêchait seulement d'appeler le loup bleu. Je n'avais pas la force de l'appeler à moi. Soudain Mannaro sauta sur moi. Je m'éveillai au bord du feu, devant Vinh'san et Nadhyna. Mon corps était celui d'un loup noir. Une soudaine rage m'envahit et je bondis sur Vinh'san, prêt à lui mordre le cou. Un seul coup de dents et il mourrait. Je rencontrai le regard de Nadhyna puis bondis au loins. Je n'avais pas l'intention de laisser Mannaro commettre l'irréparable.

Mes pattes me portaient et je n'y pouvais rien. Mannaro décidait de l'endroit où j'allais. Soudain il hurla et trois loups me rejoignirent. Je sentais que Mannaro allait leur demander d'attaquer Vinh'san et Nadhyna. Il voulut hurler, mais je gardais la gueule fermé. Les trois loups semblaient impatients d'accomplir mes ordres, mais rien ne sortit de ma bouche. Mannaro hurlait dans ma tête. Je crachai du sang, puis repris le total contrôle. J'étais redevenu humain. Les trois loup bondirent sur moi. Ils ne semblaient pas comprendre que s'ils me tuaient, ils tuaient Mannaro. J'évitai le premier assaut. Un loup blanc et gris voulut me mordre à la jambe et il reçut un coup de poing sur le museau. Un autre semblable à lui sauta pour m'atteindre à la gorge. J'esquivai en roulant par terre. Je voulu me relever, mais le loup brun bondit sur moi. Je le retenais comme je pouvais, mais ses comparses s'avançaient tranquillement. Je ne pouvais pas lutter contre trois loups. J'allais mourir...

Lorsqu’Ikar s’était soudainement transformé en loup et était partit, Nadhyna et Vinh’san n’avaient même pas prit le temps d’éteindre le feu et étaient partis sur ses traces. S’il rencontrait des gens ou encore d’autres loups, ça risquait de très mal tourner. Leurs inquiétudes ne firent que s’intensifier lorsqu’ils entendirent un loup, certainement Ikar, hurler, et qu’ils virent à une cinquantaine de mètres devants eux trois loups partir en direction d’Ikar sans même les voir. Il devait les avoir appelés, ce n’était pourtant pas la pleine lune mais le jeune homme s’était quand même transformé, ce n’était pas bon il fallait qu’il lutte, il leur restait encore une ville à libérer et encore d’autres choses à faire. Ils accélérèrent encore l’allure, il fallait qu’ils le rattrapent.

Soudain ils aperçurent enfin le jeune homme, il avait reprit forme humaine. Leur soulagement ne fut que de courte durée, quand ils virent qu’il était aux prises avec trois loups et que l’un d’eux le maintenait collé au sol. Vinh’san et Nadhyna étaient à présent à une dizaine de mètres de la scène, la jeune fille envoya deux couteaux, , l’un vint se planter en plein dans la gorge du loup qui empêchait Ikar de bouger, tandis que l’autre alla se planter « aux pattes » du loup le plus proche du jeune homme lui laissant ainsi le temps de se relever. Vinh’san alla s’occuper d’un loup tandis que Nadhyna prenait deux autres couteaux, sa rapière ne pouvait pas lui servir à grand-chose, il valait mieux qu’elle reste là où elle était afin de couvrir ses compagnons.

Cela faisait un moment qu'Emma observait Ikar. La cible du consul vampire. Il représentait maintenant une trop grande menace pour les Vampires de Ramandrek. On lui avait donné deux dagues d'argent pour mener à bien sa mission, une seule suffirait. Les loups étaient stupides. Ikar n'avait même pas remarqué sa présence. Ni ses compagnons d'ailleurs. Ces êtres étaient vraiment inférieurs, se disait-elle. Il lui faudrait éliminer la fille d'abord. Sinon elle pourrait faire échouer ses plans. Elle était trop près du garçon. Assez bel homme d'ailleurs. Il aurait pu être son amant dans une autre vie.

Quant à l'elfe, il avait beau être un maréchal connaissant la magie noire, il ne connaissait rien des assassins vampires de Ramandrek. La plupart des vampires n'en savaient rien. Les ordres lui étaient donnés par le consul lui même, formé des trois plus grands vampires de ces terres. Ils considéraient que le jeune loup-garou pourrait mener les lycans à une révolte qui réduiraient les vampires à néant. Sa mission était donc de la plus haute importance pour la survie de sa "race".

Arrivé à portée des loups, Vinh'san commença par retirer l'opale qui bloquait l'ouverture du manche de son cimeterre et attrapa un parchemin avant de refermer le manche et de jeter son arme sur le loup encore intacte. Celui-ci esquiva sans problème le cimeterre en se baissant un peu, mais lorsqu'il se remit dans une posture idéale pour le combat, Vinh'san était déjà sur lui.

Il le frappa d'un coup de pied en plein poitrail lorsqu'il se dressa sur ses pattes arrières pour le frapper et posa un pied sur le sternum du loup désormais sur le dos. L'elfe lui enfonça un pied dans la gueule, bloquant la gorge avec la langue du loup et maintint sa gueule ouverte avec ses mains, en tenant le parchemin ouvert avec ses mains.
Il lut le parchemin à voix haute et tandis qu'il se désagrégeait, les yeux du loup se gonflèrent de sang jusqu'à exploser. Le loup finit par mourir étouffé.

Après cela, Vinh'san se dirigea vers Ikar, pour s'assurer de son état.

L'un des loups parvint à fuir. Rien ne servait de le retenir. Je me débarassai de la carcasse de celui que Nadhyna avait tué et je me levai, en pleine forme.. Ou presque. Un peu comme si j'avais voulu continuer de marcher toute la nuit et que nous avions été attaqué par des loups. Ce qui ressemblait étrangement à la réalité. Je pris soudain compte de ma nudité par le froid qu'il faisait. Je me mis à courir sans regarder en arrière jusqu'à atteindre le camp de fortune qu'avaient installé Vinh'san et Nadhyna. Là je retrouvai mes vêtements en lambeau. Ma cape était intacte et j'avais une chemise et un pantalon de rechange dans mon sac. S'il fallait que je redevienne un loup, j'allais devoir marcher nu un moment.

J'attendis le retour de Vinh'san et Nadhyna, qui avaient un air plutôt amusés.

-Il n'y a rien de drôle! Vous allez devoir vous y faire car ça risque d'arriver à nouveau.. Je crois avoir assez dormi, donc que diriez-vous d'atteindre Amrill rapidement?

Je n'attendis pas la réponse de mes compagnons pour ranger mes affaires et lever le camp.

Ils marchaient depuis un petit moment déjà, le soleil venait de se lever, ils arriveraient certainement à Amrill d'ici une heure ou deux. Nadhyna repensa à la scène qui c’était déroulée un peu plus tôt, et rit intérieurement. C’était vraiment comique, mais le pauvre Ikar avait du être relativement gêné. La prochaine fois qu’elle verrait ce Jin il faudrait qu’elle pense à lui dire qu’aucune rémunération ne serait nécessaire, « protéger » Ikar, elle l’aurait fait d’elle-même. Elle trouverait bien un autre moyen d’avoir de l’argent, et puis de toute manière ce n’était pas comme si ses économies devenaient maigres, bien au contraire. Cela dit, elle s’inquiétait, la pleine lune approchait, et elle doutait que son calmant, même si elle en augmentait les doses parviendrait à calmer Mannaro; il faudrait qu’elle fasse des recherches pour en faire un de plus performant. Elle demanderait peut être à Jin, il pouvait bien lui donner quelques informations ou conseils s’il ne la payait pas ; il semblait connaître pas mal de choses.

Aux portes de la ville, ils croisèrent deux pauvres enfants qui semblaient ne rien avoir mangé depuis longtemps, aussi Nadhyna leur donna-t-elle ce qui lui restait comme provisions. Il fallait vraiment qu’ils libèrent la ville de l’emprise de Shamar.